C'était il a 100 ans!

séparation nationalité

Le 11 novembre 1918, l'Armistice est signé. Enfin la fin de la guerre, tant attendue est arrivée.

extrait du tuyau extrait du tuyau

Au camp, on se demande depuis longtemps quand cette guerre finira et quand on pourra revoir les siens.
Cela donne lieu à des paris et même à des concours comme celui organisé par le journal du camp "le Tuyau" du 23 septembre 1915 (image de gauche)¹.

Le 4 janvier 1917, le journal récidive (image de droite):
"Quand finira la Guerre ? Voulez vous savoir en quelle année finira la guerre ? C'est très simple à la condition que vous soyez marié. Inscrivez le millésime de l'année de votre naissance. Ajoutez à ce chiffre celui de votre âge. Ajoutez le millésime de l'année de votre mariage. Ajoutez le nombre de vos années de ménage. Ajoutez enfin le chiffre 4. Faites l'addition et divisez par 2. Si vous n'obtenez pas le chiffre 1918 c'est que vous ne savez pas faire une addition.
Le Glaneur²."

La nouvelle de l'Armistice

Les prisonniers français sont mis au courant de la signature de l'armistice comme le prouve la carte ci-dessous écrite le 23 novembre 1918³.".

armistice

Cette nouvelle signifie la liberté et le retour au pays pour les prisonniers français, mais l'organisation du rapatriement prend du temps et la plupart des prisonniers ne rentrent qu'en janvier 1919 (décembre 1918 pour les plus chanceux).

"Quedlinburg, 20 décembre 1918
(...) Ici nous attendons toujours le départ mais il se fait attendre très longtemps, tout ce que je sais c'est que nous rentrons par bateau par la mer du Nord, le voyage sera un peu long mais enfin il est encore préférable que de rester ici, je ne compte pas être rentré cette année4."

Les morts

monument

De nombreux prisonniers (703 toutes nationalités confondues d'après nos connaissances) sont morts au camp soit des suites de leurs blessures, soit d'épuisement soit de maladies.

Les autres prisonniers, loin de les oublier, organisaient des cémémonies en leur mémoire.
"Lundi dernier pour la 3ème fois!, le camp a rendu hommage à ses Morts.
Un détachement de 35 prisonniers français, sous la conduite de M.M.Robillard et Barrès aumoniers, est allé au cimetière où a eu lieu un service religieux. Les autorités du camp était représentées par M. le Major Commandant la 4ème Cie et M. le Capitainne Commandant la 2ème Cie.
La cérémonie, quoique fort simple, a un un caractère éminemment touchant. M. l'abbé Robillard pronconça devant les tombes une allocution qui émut profondément l'assistance, d'une voix souvent brisée, en des paroles qui nous allèrent doirt au coeur, il nous fit oublier nos misères personnelles pour nous amener à songer au triste sort que le destin a réservé à ceux qui dorment là. "La mort qu'ils ont bravée cent fois, les a épargnés sur les champs de bataille pour venir traîtreusement les faucher alors que l'espoir leur était revenu et qu'ils échafaudaient déjà des projets d'avenir..."[...]
Nous nous dispersâmes alors dans cet espace plus grand hélas! qu'il ne l'était l'année dernière et chacun de nous s'en fut se recueillir quelques instants devant la croix de bois portant le nom d'un ami disparu5."

En 1917, l'érection d'un monument pour les morts est décidé par les prisonniers du camp de Quedlinburg.
"Nous ne devons pas quitter Quedlinburg sans laisser derrière nous l'impérissable Monument du Souvenir; c'est un hommage que nous devons à nos Morts et ce sera aussi une consolation pour ceux qui les pleurent.6."

"Ceux-ci [les prisonniers alliés qui sont enterrés dans le cimetière de Quedlinburg] après avoir répondu à l'appel de la Patrie, sont tombés en captivité par suite des hasards de la guerre et sont morts en terre étrangère après un exil douloureux, alors qu'ils s'adonnaient à l'espoir de revoir leur pays et leur famille après une longue séparation. Lorsque le temps aura fait disparaître les tombes où ils dorment de leur dernier sommeil, il faut que leur mémoire ne s'éteigne pourtant pas et qu'un Monument subsiste sur le socle duquel leurs compatriotes futurs pourront venir déposer l'offrande de leur souvenir7."

Ce monument, réalisé grâce à une collecte spécifique à l'intérieur du camp, est toujours visible aujourd'hui au cimetière central de Quedlinburg.

Sources

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¹ Extrait du journal "le Tuyau" n°11, p. 8, 23 septembre 1915.

² Extrait du journal "le Tuyau" n°9, p. 4, 4 janvier 1917.

³ Correspondance de André ROLLAND (source DELCAMPE, site d'enchères).

4 Correspondance de Henri LARGERSIE.

5 Extrait du journal "le Tuyau" n°6, p. 3, 9 novembre 1916.

6 Extrait du journal "le Tuyau" n°30, p. 2, 30 novembre 1916.

7 Extrait du journal "le Tuyau" n°10, p. 4, 15 février 1917.